Histoire de Le Pizou
Le Pizou avant les Gallo-Romains
Les hommes du néolithique furent les premiers à se sédentariser dans notre région (- 5000 avant J.C.), à y construire des villages et des monuments, à y développer l’agriculture et l’artisanat.
Leurs constructions les plus connues sont les mégalithes (dolmen, menhir…). Plus de 250 sites sont recensés en Dordogne, dont plusieurs dizaines dans les vallées de l’Isle et de la Dronne (- 2500 avant J.C.).
De nombreux auteurs signalent l’existence d’un dolmen à LE PIZOU :
- l’Abbé AUDIERNE (en 1851) situe sur la commune de Le Pizou, avant de sortir du département de la Dordogne, les vestiges d’un dolmen.
- Louis Drouyn, conservateur du musée de Bordeaux, mentionne également dans des notes (1867), l’existence d’un dolmen dans le vallon de Cantemerle entre St Antoine sur l’Isle et Le Pizou.
Deux histoires populaires se rattachent à l’existence de ce dolmen :
- Autrefois, les femmes de la région de Le Pizou faisaient marcher leurs enfants sur les blocs de pierre du dolmen pour calmer les fièvres (l’abbé Audierne – 1851)
- Un prêtre de la région a utilisé une pierre creuse, faisant partie du dolmen pour faire un bénitier (Louis Drouyn, notes manuscrites).
A partir du 5ème avant J.C., les hommes du néolithique furent progressivement remplacés par les Celtes. Les Pétrucores s’installent dans la vallée de l’Isle, mais en 56 avant J.C., les troupes romaines de Publius CRASSUS, écrasent les peuples aquitains, la période gallo-romaine commence.
Le Pizou lieu de passage
La période gallo-romaine impose l’existence de la région de Le Pizou comme lieu de passage.
Dans le sens est-ouest, une voie romaine relie Périgueux à Bordeaux (l’actuelle D3).
Dans le sens nord-sud, une seconde voie relie Angoulême à Bazas, coupant l’Isle par un gué se situant en aval du pont de Fonrazade (l’actuelle D10).
Une troisième voie se dirige en direction de Saintes.
L’axe Nord-sud correspond à une voie utilisée depuis la nuit des temps. Il est fortement fréquenté durant tout le Moyen-âge. La tradition orale de la Double le baptise encore « Chemin de Charlemagne ».
Sanctus Martinus de Pizonis
La première église de Le Pizou est construite en 830 et détruite en 900 par les vikings qui remontaient l’Isle en direction de St Astier.
Elle est reconstruite en 1107, et la paroisse prend le nom de St Martinus de Pizonis en mémoire de St Martin, évangélisateur de la région.
Le nom de Pizou apparaît donc pour la première fois sous sa forme latine de Pizonis en 1107. Il est également écrit Piso (occitan) ou Pissone (latin) en 1197.
Il représente l’ancien occitan « pisou » qui désigne une pierre creusée en coquille servant d’auge. Le mot dérive de l’occitan pizar (ou pisar), issu du latin « pinsare », qui signifie broyer ou piler. De la même origine, nous connaissons dans la région, les mots « pisé » ou « pisat » pour parler d’un sol en terre battue, mais aussi l’italien pizza, produit issu du broyage d’un grain de blé.
En 1077, Gérard de Corbie (St Gérald) et Guillaume VIII, duc d’Aquitaine crée l’Abbaye de la Grande Sauve (ou Sauve Majeure) dans l’Entre Deux Mers.
Dans le cartulaire de l’abbaye, on peut lire que le 10 mai 1197, le Pape Célestin III renouvelle la protection pontificale déjà accordée par le pape Lucius, et l’accroît à plusieurs prieurés : St Michel Léparon, Echourgnac, Gardedeuil, La Madeleine, Lompchaps et Le Pizou.
Tous ces prieurés se situent sur l’axe nord-sud (ancienne voie romaine), maintenant utilisé par les pélerins de St Jacques de Compostelle.
Elle relie alors Aubeterre à Bazas, deux points de regroupement des pélerins, en passant par la Grande Sauve.
Le comte Archambaud IV du Périgord perçoit les dîmes prélevées dans la paroisse. Pour accomplir un vœu de son père, il décide la construction d’un édifice religieux. En 1330, commence la construction de la chartreuse de Vauclaire, financée, entre autres, par la dîme des deux plus importantes paroisses de la chatellerie de Montpon : Vanxains et Le Pizou.
En 1566, les troupes protestantes de Clermont de Pile détruisent le village de Le Pizou. Elles reviennent 2 ans plus tard, prennent les 3 cloches, fierté de la paroisse, brûlent l’église et assassinent le curé.
La litre seigneuriale de l’église
Lorsqu’un seigneur décède, on ceinture l’église d’un bandeau noir sur lequel sont représentées ses armoiries. Cette pratique de la litre seigneuriale est supprimée avec l’abolition des privilèges le 4 aout 1789. Sur les murs de l’église du Pizou, le bandeau a disparu, mais le blason est pratiquement intact. On ignore quel seigneur est enterré dans cette église, mais d’après le blason, il s’agit certainement d’un comte de Foix-Candale.
Les châteaux
En 1668, la comtesse Charlotte de Lauzun hérite de la chatellerie de Montpon. Elle dépose le 2 juin 1668 un « adveu et dénombrement » de ses nouvelles possessionss. Sur ce document, il est indiqué la présence de deux fiefs sur la paroisse de Le Pizou :
- le Bas-Pizou (domaine du château de l’Arquier)
- le Haut-Pizou (domaine du château du Désert)
Le château de l’Arquier (propriété privée)
Il fut construit au début du XVIIè siècle, sur les ruines d’un premier château détruit par Clermont de Pile.
Il se compose d’un corps de logis, flanqué de deux pavillons enclos d’une enceinte de murailles, cernées par des douves. Les douves sont alimentées en eau par le ruisseau Le Marchand. Le château est la propriété de la famille DAULEDE DE PARDAILHAN, seigneurs de Lalande, qui le cède le 23 février 1619 à Jean-Frédéric de FOIX, seigneur de Montpon.
Le château du Désert (propriété privée)
Le château actuel, récemment restauré, date du XVIIIè siècle. Il fut construit sur des bâtiments plus anciens.
L’ancien château a appartenu à une puissante famille, les DE BECHADE. François acheta le fief à la famille de ROHAN, seigneur de Montpon le 1er octobre 1603. Il le revend, le 11 mars 1610, aux DAULEDE DE PARDAILHAN, déjà propriétaires du château de l’Arquier.
Histoire récente
L’arrestation de Valady
Durant la révolution, la lutte entre députés montagnards et girondins fut implacable. Vaincus, les girondins furent tous déclarés en état d’arrestation le 2 juin 1793. Pour beaucoup, commença une vie clandestine faite d’errance.
L’un deux, le marquis de Valady voulut gagner une cachette sûre dans la forêt de la Double. Venant de Libourne, il passa en Dordogne en traversant l’Isle à hauteur du hameau de Coly et se cacha plusieurs jours à Le Pizou. Reconnu et dénoncé, il fut arrêté le 28 novembre 1793 au hameau des Rivaux. Il périt sur l’échafaud à Périgueux le 6 décembre 1793.
La deuxième guerre mondiale
Sur le territoire de sa commune, Le Pizou vit se dérouler l’un des derniers combats de la seconde guerre mondiale dans le département.
Le 16 août 1944, Hitler ordonne à ses troupes de quitter le sud de la France.Les garnisons Allemandes de Brive et Limoges tombent le jour même.La route d’Angoulême est coupée par la Résistance Française. La garnison Allemande de Périgueux décide donc de se replier vers Libourne par la RN 89.C’est une colonne d’un millier de personnes (troupes combattantes, services, personnels civils, état-major) qui prend la route sous le commandement du colonel Sternkopf.Le 20 août, le bataillon “Roland” (Roland Clee) libère Saint-Astier.Le 21 août, les bataillons FFI déclenchent un tir nourri sur le convoi à partir de Saint-Astier; Les troupes Allemandes ripostent, reprennent la ville, fusillent 21 otages en représailles et gagnent Montpon où elles passent la nuit.
Le bataillon “Violette” (René Tallet) arrivé trop tard à Saint Astier, décide de poursuivre le convoi Allemand et le double la nuit au niveau de Montpon.
Le 22 août, dès 5 heures, “Violette” dispose ses hommes sur la rive droite de l’Isle entre Le Pizou et Saint-Antoine. La RN 89 est en face d’eux sur la rive gauche.Au lever du jour, la colonne Allemande reprend sa route vers Libourne. Lorsque la tête de la colonne Allemande arrive au niveau de Saint Antoine, les diverses unités du bataillon “Violette” ouvrent le feu. La surprise est totale , la colonne Allemande est stoppée. Cependant, l’ennemi se ressaisit et s’organise. Dans l’après-midi, il reprend le pont de Saint Antoine mais est repoussé par les hommes du sous-lieutenant Schalk . La troupe Allemande décide alors de se replier et la colonne reprend sa route vers Libourne. Il est 18 heures.
Le monument de La Plaine commémore la mémoire des résistants tombés.
Les forges de Coly
1842
LAVERGNE, ancien négociant, propriétaire de terrains près du barrage de Coly, sur la commune de LE PIZOU, obtient par ordonnance du roi Louis Philippe, datée du 8 juin 1842, l’autorisation de réaliser une prise d’eau sur la rivière l’ISLE afin de mettre en place une forge.
1849
Lavergne obtient par un décret de Napoléon III du 12 décembre 1849, l’autorisation de construire une usine comportant :5 fours à réverbère à la houille et 5 paires de laminoirs pour la fabrication de la tôle et du fer blanc.4 fours à puddler, 3 fours à réchauffer à la houille et 6 paires de laminoirs à barreaux pour l’affinage de la fonte et sa conversion en fer malléable.2 paires d’affinerie au charbon de bois et un gros marteau pour l’affinage de la fonte et tous les appareils de compression nécessaires au roulement de l’établissement.
Construction de :
– 6 hangars
– la maison du gardien
– les casernes des ouvriers
– la maison de l’éclusier
– la maison du maître de forge
Les forges de Coly employèrent jusqu’à 300 ouvriers entre les 2 guerres mondiales, période de leur activité maximum.
De nombreux propriétaires et maîtres de forge se succédèrent à la direction de l’entreprise. Parmi les plus connus, on peut citer les frères Combescot.
L’énergie utilisée était fournie par la rivière, le bois de la région et de la houille de Lorraine, puis du fuel lourd après 1945. La matière première arrivait par wagons en gare de Soubie. Des charrois tirés par 3 chevaux amenaient la marchandise jusqu’à l’usine.
Le hameau de Coly était alors un vrai village avec ses bars et ses commerces.
La production se composait de : fer plat, tôles, cornières, pointes, tréfileries et charpente métallique.
Les autorités allemandes obligèrent les forges à travailler pour l’organisation TODT, société qui édifiait le Mur de l’Atlantique.
L’usine produisit alors des pièces servant à la construction des blockhaus et des ponts.
A la libération, le comptoir métallurgique s’opposa à la remis en marche de l’usine, mais celle-ci continuera de fonctionner jusqu’à 1955, date de sa fermeture définitive.
La traversée de l’Isle à Le Pizou
Rivière rapide et dangereuse, l’Isle était difficile à traverser.
A Le Pizou, un gué depuis les temps anciens, permettait de traverser la rivière.
Au XVI-XVIIè siècle, 3 lieux de passage furent crées :
– A l’actuel Pont de Saint Antoine,
– Au pont de Fonrazade
– A Coly.
On traversait alors l’Isle dans de grandes barques à fond plat, dirigées par des passeurs.
3 types de matériel flottant étaient utilisés :
– Le bac pouvant transporter 70 personnes
– Le bateau pouvant transporter 30 personnes
– Le batelet pouvant transporter 5 personnes
Les chemins s’arrêtaient au bord de l’eau et reprenaient sur l’autre rive.
Le Pizou s’inquiétait de la sûreté de la passe. Dans les délibérations du Conseil Municipal, on trouve cette question fréquemment abordée.
Le 9 mars 1850, c’est la dangerosité du bac de Coly qui fut abordée. A cet endroit, le courant est fort et les marins ont beaucoup de mal à guider leurs embarcations. Plusieurs objets se sont perdus dans la rivière.
A Fonrazade, en aval du pont actuel, la route était en très mauvais état. En temps de pluie, les piétons étaient dans l’obligation, en quittant le bac, d’abandonner le chemin et de passer dans les terres qui l’avoisinaient et il était impossible que les voitures exécutent leur trajet au trot.
Le premier projet d’un pont à Fonrazade date de 1870. La décision définitive est prise en 1875 par la Préfecture et les Ponts et Chaussées.
Effectivement construit en 1876, le pont était à péage. Venant d’Eygurande, Saint Antoine, Le Pizou, Minzac, 247 souscripteurs rachetèrent les droits de péage.
A la même époque, le pont de Saint Antoine fut également construit.